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Le ravissement de Lol V. Stein
de Marguerite Duras
Gallimard, 1964, 190 p. (Folio)
Un très beau roman, un peu difficile : Lola Valérie Stein est depuis toujours malade d'un manque, d'un vide intérieur qui fait qu'elle n'est pas vraiment présente, bien qu'elle soit toujours très recherchée par les autres. C'est quelqu'un "qui vous fuit dans les mains comme l'eau" dit Tatiana son amie. Le terme de ravissement fait référence à la scène initiale du bal, évoquée à plusieurs reprises dans le livre comme un leitmotiv, où le fiancé de Lol, Michael Richardson, lui est ravi par la belle Anne-Marie Stretter. Profondément choquée, Lol sera "ravie" à elle-même, coupée d'elle-même, devenant un être apparemment vivant, mais en fait mort intérieurement pour n'avoir pas su faire le deuil de cette séparation trop soudaine.
Le narrateur est Jacques Hold, amant de Tatiana et sur qui Lol va porter son dévolu, dans un ultime effort pour sortir de son vide intérieur, quitter son mari et vivre une passion qui la sorte d'elle-même. A la fin du livre, elle retourne à T. Beach avec Jacques Hold voir la salle du bal pour revivre et exorciser la scène d'autrefois, mais la scène d'amour qui suit n'est pas si simple, Lol. V. exprimant d'abord ses peurs dans des paroles de folie, déniant son identité, mais finalement se laisse glisser violemment dans la passion.
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